mercredi 23 décembre 2009
Djerba l'insolite
J'imaginais Djerba grouillante et détestable, comme le sont ces abords de la grande bleue, polluée par une faune agglutinée sur le sable aseptisé des grands hôtels...et je n'avais pas tort...Mais c'était sans compter sur la surprise d'une île aux multiples secrets, tenant jalousement ses joyaux minuscules et fascinants au coeur de son écrin d'oliviers.
Ce jour là, fatiguée du bruissement des grandes vagues et des alignements de parasols, je suis partie à l'aventure sur une bicyclette tremblante, le chapeau bien enfoncé sur la tête, le foulard pardessous, prenant exemple sur le costume des djerbiennes. J'ai mis le cap sur l'intérieur de l'île, pressentant quelque miracle bien caché.
Evitant de justesse quelques 4X4 déchaînés fonçant vers Guellala, j'entrepris de m'enfoncer dans les oliveraies épanouies sur des pistes sablonneuses. Après 5 kms de pédalage tranquille, je m'arrêtais dans le silence, étonnée de découvrir une île méritant son gracieux nom de Djerba la Douce.
Un enfant nonchalant poussait devant lui un âne non moins pressé, quelques poules bataillaient en grattant le sable, les oliviers trapus et enlacés arboraient de petits fruits serrés hésitant entre le vert et le rouge, tandis que de gracieuses jeunes femmes riaient dans leurs robes multicolores en me faisant des signes de la main.
Je posais mon vélo contre un monticule et l'enfant me fit signe de venir voir par delà le talus. Courant pieds nus devant moi, il escalada lestement un petit mur et je le suivis, amusée autant que curieuse. Puis il s'arrêta et me dit :
-"Regarde !" dans un français parfait et triomphant.
C'était une petite merveille blanche, aux lignes magnifiques, plantée au sommet d'un minuscule tertre, une de ces mosquées oubliées que les touristes ne visitent jamais et que le souvenir d'une paix ancestrale vient nimber de lumière et de sérénité. Une sorte d'édifice bâti avec le coeur en oubliant le fil à plomb, glacée de couches de chaux successives, penchée juste pour émouvoir et faire preuve d'humilité. A l'intérieur de la petite mosquée, la lumière filtrait avec douceur, éclairant une natte couleur de blé et de grandes écritures enlacées, noires sur fond blanc, au sens mystérieux pour moi qui ne connaissait pas la langue arabe.
L'enfant restait silencieux, m'observant de ses grands yeux noirs au milieu d'un visage bruni par l'été. Il s'était assis dans un coin, les genoux poussiéreux remontés jusqu'au visage.
J'ai fait le tour de l'édifice puis je me suis assise sur le pas de la porte.
Dehors Djerba rayonnait de la lumière de midi, deux pigeons roucoulaient dans l'olivier au tronc immense et tordu, dans le ciel ardent un avion déroulait lentement un fil d'argent...Et lentement j'ouvrais mes ailes dans une extase tranquille de papillon émerveillé.
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Je ne savais pas qu'il y avait des endroits comme celui-ci à Djerba. En revanche je connais la Ghriba, le lieu saint des juifs et j'y suis allée à la fin du mois de mai. Il y avait beaucoup de monde et beaucoup de contrôles des voitures et des identités, la foule ! On m'a dit qu'il ne faut pas venir fin mai à Djerba, mais je ne le savais pas...A part ça, j'ai fait une excursion vers le désert et j'ai ADORE c'est magnifique, et je reviendrais, c'est sûr pour une randonnée chamelière. Est ce que par hasard tu connais un bon guide ?
RépondreSupprimerJe connais même plusieurs guides. A quelle époque désires tu faire ta randonnée chamelière ? Attention le désert pour bien le vivre n'est praticable que d'octobre à fin avril. En saison chaude c'est rare qu'on fasse le désert et l'été les randonnées chamelières sont interdites par sécurité. Mais c'est permis en 4X4 climatisé. Cela dit, moi personnellement c'est à pied que j'aime le désert, ou bien à dos de dromadaires.
RépondreSupprimerJerba cache bien des trésors de ce genre ...et loin des sentiers battus et circuits touristiques..elle garde toute sa douceur de vivre son charme légendaire et une nature vierge...si vous voulez lire à ce sujet je vous conseille un récit agréable sur Jerba des années 30-60 Djerba, L'ile enchantée de mon enfance de de Laris Kydinis -MC éditions -Juillet 2009
RépondreSupprimerJe vais essayer de me procurer cet ouvrage. J'ai vécu à Djerba des moments troublants et je garde le souvenir d'une espèce d'enchantement peut-être du à cette lumière particulière, ces couchers de soleil jolis comme des miroirs. C'est une île fascinante à découvrir hors des sentiers battus.
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